La collégiale de Vireux-Molhain

Parmi les églises les plus remarquables des Ardennes , la collégiale de Vireux-Molhain occupe une place à part . Il s'agit en effet de la seule église du département à posséder une crypte  romane .

 

A l' époque les cryptes étaient destinées à abriter le tombeau ou les reliques d' un saint . La pièce en grande partie enterrée permettait aux fidèles ,grâce à ses deux accès encore visibles, de s' y rendre en procession , une fois par an .

Le reste de l' année , la sépulture n'était visible que par de petites ouvertures disposées de part et d'autres de la crypte.

 

L' église originelle aurait été bâtie sur commande d' une cousine du roi des Francs , Pépin le Bref ( père du futur Charlemagne )  pour y abriter la dépouille de Saint Ermel .

 

Ermel , né en 482 après J-C, était un écclésiastique d' origine anglaise , venu s'installer en Bretagne en 518. Sa réputation de guérisseur lui permit d' obtenir de nombreuses conversions au christianisme et lui valut l' attachement du roi franc Childéric 1er . A sa mort ses restes sont déposés en terre franque , à Vireux-Molhain où ils feront l' objet d' un culte jusqu' en 1563 date à laquelle les Protestants ravagèrent le village et mirent le feu à l' église .

 

                           

La seule représentation de Saint Armel dans l' église se trouve au plafond où son portrait figure avec les évangélistes dont Saint-Luc et son boeuf. La décoration , en stuc , datée  1762 est sans doute contemporaine de l' église actuelle. 

 

Saint Ermel est surtout célébré en Bretagne . Dans la statuaire, il est représenté goupillon à la main  , livre saint de l' autre , terrassant de son pied un démon ou plus souvent un monstre .

 

La collégiale est bâtie en moellons sans doute comme les maisons les plus anciennes du village à partir des restes de murs de l' oppidum gallo- romain tout proche . 

 

Pendant la guerre 14-18 , les Allemands entreprirent des fouilles dans l' église , espérant y trouver le tombeau de Pépin le Bref . Seule la crypte fut découverte.C' est en effectuant  ces travaux qu' ils dressèrent aux murs les imposantes dalles funéraires que l' on peut encore voir aujourd' hui . Trois d' entre elles sont remarquables et permettent de connaître l' évolution de la tenue et des armes des chevaliers tout au long du Moyen-âge . 

 

La plus ancienne est du XIII e siècle , elle représente pense-t-on , Allard de Chimay ,compagnon d' armes du Roi  Philippe Auguste à la célèbre bataille de Bouvines (1214) . Le chevalier ( il a des éperons ) porte un heaume cylindrique, un haubert ( côte de mailles ) ,croisé en partie haute, avec mouffles et chaussons.  Il brandit une lourde épée à une main , l' écu est décoré aux 3 quintefeuilles des Chimay .

La deuxième est typique de la fin  XIV e . Le bassinet ,  pointu avec ou sans visière (amovible) a remplacé le heaume , lourd et peu pratique . Il semble ici recouvert d' une coiffe en tissu . Le haubert est désormais complété de plates amovibles ( les attaches sont représentées aux bras , aux genoux , aux jambes ) prémices des armures intégrales. L' épée dite " Bâtarde " a une fusée plus longue ( une main et demie ) . Elle peut-être maniée à une ou deux mains, sa lame est plus effilée . Une dague complète l' armement. Le chevalier ou seigneur n' est plus représenté en position de combat mais en prière .

 

La troisième montre le seigneur de Haybes , commune proche de Vireux ,  dans un décor d' église gothique . A ses pieds , un lion , symbole du courage et non un chien ( plus souvent associé aux dames pour la fidélité ) . La référence à la religion est renforcée par la main de Dieu au dessus de sa tête nue .

 

Les seigneurs et chevaliers ne sont pas les seuls à avoir leur monument dans l' église , plusieurs dames sont à leurs côtés .Sur leur dalle funéraire , le  visage et les mains sont en marbre blanc lorsqu' ils n' ont pas été dérobés .

                                               

Il est probable que ces dames aient été bienfaitrices de l' église et que la collection de statues ainsi que  la magnifique mise au tombeau que l' on peut admirer encore aujourd' hui ait été offertes par ces dernières .

 

Cet ensemble de statues  en bois  polychrome fin 15e début 16e semble-t-il , est unique de par  l' émotion que l' artiste a su restituer avec une simplicité bouleversante .

Le Christ , grandeur nature est soutenu à gauche par Joseph d' Arimathie  tandis qu' à l' opposé Nicodème tient le linceul . 

Derrière eux de gauche à droite . Marie Madeleine et ses longs cheveux blonds , la vierge Marie en bleu et rouge mains en prière avec dans son dos , Saint Jean qui a assisté à la crucifixion , puis deux autres saintes femmes qui ont participé à l' embaumement.